samedi 16 juillet 2011

Savate Boxe française, débuts des rencontres internationales

Introduction :

Dans cet article, nous allons répertorier et analyser les confrontations internationales entre des pratiquants de la savate/boxe française et des autres arts martiaux, ceci sur la période allant de 1960 au début des années 1980.

Notre travail se basera principalement sur l'excellent livre de Jean-François LOUDCHER, "Histoire de la Savate, du Chausson et de la Boxe Française, 1799-1978", paru aux éditions l'Harmattan.


Cet article se basera également sur divers articles de journaux de l'époque, mentionnés par la suite.

Définition :

Nous n'allons pas faire un historique de plus de la savate/boxe française. Il sied juste de rappeler qu'elle avait pratiquement disparu après la Seconde Guerre Mondiale, ses pratiquants, vers 1950, n'étant plus que quelques dizaines, au mieux centaines.

Nous sommes bien sûr obligés de mentionner le travail homérique du Comte Pierre Baruzy (1987-1994), ancien élève de Charles Charlemont, qui a tenté de relancer la savate depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Il aurait participé aux Jeux olympiques de 1924, à Paris, au cours desquels la boxe française était un sport de démonstration. Nous ne disposons malheureusement d'aucune information sur ces démonstrations.

Le dernier championnat de France aurait eu lieu en 1937 et ne serait réapparu qu'en 1966., bien que divers championnats, challenges et rencontres aient eu lieu, mais sans organisation centralisée. De plus, la savate a même été incorporée dans la fédération française de Judo, de 1965 à 1974.

En 1965, le Comte Baruzy devient le président fondateur du Comité National de Boxe Française. Le Président d'honneur n'est autre que Georges Carpentier, qui avait commencé par la savate, avant de pratiquer la boxe anglaise avec les résultats que l'on sait.

Livre consacré au Comte Baruzy

Afin de rendre explicite ce qui suit, nous expliquerons simplement qu'en que l'ancien Comité National de la Boxe Française, créé en 1965 par le Comte Baruzy, est devenu la Fédération Nationale de Boxe Française en 1973. Cette fédération obtient l'agrément du Ministère des sports en février 1975. Cette fédération priviliégiait plutôt la Savate académique. Dès 1974, une scission se crée, avec l'apparition de la Fédération Nationale de Savate, dans laquelle se retrouvent les champions de l'époque. Cette seconde fédération est plutôt dirigée vers la compétition et la Savate moderne. En 1978, les deux fédérations fusionneront.

Pour donner un ordre de grandeur, en 1984, la fédération compte près de 20'000 licenciés. En 1985, une fédération internationale est créée.

Combats internationaux précédents :

Depuis le début du XIXème siècle, les pratiquants de la boxe française ont combattu des pratiquants d'autres origines ou d'autres sports, principalement des boxeurs anglais, avec des résultats très partagés. Il est nécessaire de préciser que la savate se pratiquait principalement à la touche annoncée, contre une boxe anglaise au finish.

Ce qui suit est tiré du livre "Martial Arts of the World", de Thomas A. Green et Joseph R. Swinth, édition Greenwood, citant les termes du livre de M. Loudcher, susmentionné.

Des Savateurs se sont aussi opposés à des pratiquants du Ju-Jitsu, soit le fameux Français Ré-Nié , en 1905, opposé à George Dubois, en France. Il semblerait que le Savateur ait perdu par une clé de bras.

Il y aurait eu une démonstration ou match entre Me Hiroo Mochizuki, alors âgé de 19 ans et Jacques Cayron, vers 1955, en France. Il semblerait que le combat se soit terminé après un crochet délivré par le Français.

Evolution des techniques de combat :

Dès la fin des années 1960, les techniques de la boxe-française évoluent vers une méthode de combat unifiée, après des dissensions internes. La garde et les coups deviennent plus compacts et moins académiques. Par exemple, l'effet du bras équilibrateur (tenu en arrière) est abandonné.

Il serait intéressant de pouvoir déterminer si cette évolution est influencée par la boxe anglaise, déjà beaucoup plus compétitive, ou par l'apparition des arts-martiaux, qui dans les années 1960, ne sont pas encore passés au combat avec ko.

Concernant les livres édités à l'époque, nous constatons que dans "Boxe Française Savate Moderne" de Jean-Pierre Dreineza (plusieurs fois champion de France et vainqueur de la Coupe d'Europe en 1984), édition Judogi - Paris 1967 ?, les planches techniques représentent déjà cette évolution vers une garde et des coups compacts.

Par contre, en 1972, Bernard Plasait faisait encore paraître son livre "La boxe intégrale" qui mentionnait toujours une savate à l'ancienne, avec le bras équilibrateur.

Dans son numéro consacré à la Savate, en 1976, les éditions Flash Marabout présentent des techniques complètement modernes et compactes.

L'apparition de la Savate dite Boxe-Libre aurait fait l'objet d'une revue du même nom, éditée chez Aramis en 1979.


Ce chevauchement des deux méthodes durant une période de plusieurs années confirme les avis différents qui ont régné dans ce sport. Cette lutte entre la boxe française académique et la boxe française compétitive est parfois mentionnée entre 1974/1978.

Les nouveaux championnats de France 1966 :

Il est nécessaire de fixer les résultats de ces championnats, qui auraient été disputés en 1967, ou 1966 selon les versions. Bernard Plasait en plumes, Marc Kunstle en légers, Christian Cogi en moyens, Denin et mi-lourds et Jean Lafond en lourds sont les vainqueurs.

Il faut relever que Bernard Plasait est un personnage incontournable de la Savate et a, à son actif, la parution de très nombreux livres dédiés à ce sport. Il ne deviendra rien de moins que Sénateur.

Jean Lafond, quant à lui, est le fils de Roger Lafond, créateur d'une méthode portant son nom, ou Panache et mélangeant la boxe, la canne, le bâton et l'escrime.

Les premières rencontres internationales modernes :

Christian Guillaume et ses voyages au Japon :

Ce paragraphe est basé sur le site suivant, http://frenchboxing.blogspot.com/2010/09/christian-guillaume-great.html relatant les faits ci-dessous. En 1969, Christian Guillaume est invité au Japon pour être confronté à divers combatants pratiquant le combat au ko, soit des kick-boxeurs. Claude Simonot est le second savateur participant au voyage. Durant son premier séjour d'une durée d'un mois, Christian Guillaume dispute 2 combats. Simonot perd son premier match. Guillaume gagne le sien en 1 minute et 48 secondes, par un coup de pied dans les reins de son adversaire, dont nous n'avons pas le nom. Selon un article d'un journal japonais de l'époque, Guillaume aurait gagné contre un nommé Shiro Miyataka en 58 secondes, par un front-kick, "chassé frontal". Le combat a eu lieu Korakuen Hall. Miyataka aurait été le champion poids coq du Japon.

Intéressante photo où l'on voit Guillaume saluer son adversaire, selon le mode Savate,

Le deuxième combat est gagné, après trois voyages au tapis de son adversaire. Les combattants portaient des gants de 4 onces.

Le troisième combat se finit sur un match nul.

Le second voyage, toujours en 1969, est prévu pour 4 combats. Un autre combatant, Albert Boutboul est également du voyage et perd son premier match. Guillaume remporte son match en 1 minute et 22 secondes, avec un enchaînement pieds au corps, suivi d'un crochet du gauche.

Boutboul gagne son second combat aux points, durant la même soirée ?, tout comme Guillaume, en envoyant son adversaire au tapis au 2ème round.

Guillaume dispute encore un match, en battant son adversaire aux points. Précisons que Guillaume était un poids léger.

Pour terminer, Guillaume dispute encore un match et fait match nul. Si nous regardons l'iconographie relatives à ces matchs, nous voyons que les combattants ont les mains gantées et les pieds nus et portent des shorts et pas de maillots.

Selon le livre Marabout susmentionné, Guillaume aurait remporté 6 victoires, dont 3 ko, pour un match nul.

Guillaume aurait aussi été 2ème dan de Judo. Dans un article de Black-Belt de décembre 1970, on apprend que Guillaume a été champion de France pour la première fois en 1969.

Au vu du bras arrière et de la garde basse,
Guillaume pratiquait certainement une savate académique... mais efficace.

Rappelons qu'il existe des tensions entre les divers organismes s'occupant de la savate et que certaines des organisations citées ci-dessous seront sanctionnées par la Fédération officielle.

Le premier Championnat d'Europe
, le 11 avril 1970 :

Cette rencontre réunit l'Italie, la Belgique et la France et a lieu à l'Elysée-Montmarte à Paris. Il faut pondérer ce titre de 1er championnat par le fait que de nombreux autres championnats avaient déjà été organisés par le passé. Nous ne connaissons pas le résultat de ces combats.

Par contre, à la lecture difficile de la photo ci-dessous, on peut comprendre que G. (Guy?) Proust, G Fercoq?, Richard Genaudeau?, Christian Guillaume et Jacques Cayron? auraient participé à ces championnats.

Selon le livre italien "La Boxe Francese" de Giorgio Messina, paru en 1999 chez Edizioni Mediterranee, il apparaît les résultats suivants :

Guillaume/France bat Christian Muyters/Belgique en demi-finales (éventuellement en Belgique) et Silvano Milone/Italie en mouches
Jean-Pierre Julemont/Belgique bat Guy Proust/France en demi-finales (éventuellement en Belgique) et bat Carlo Benvegnu/Italie en légers
Sandro (Giovanni ?) Marcenero/Italie bat Cayron/France en welters
Silvano Milone aurait perdu la finale en poids coqs ?

Image de ces premiers championnats d'Europe en 1970.

France-Italie, le 12 juin 1971 :

Ces combats auraient eu lieu à Puteaux, contre une équipe italienne en provenance de Gênes, ceci devant 1500 spectateurs.

Italie-France, en 1972 :

Nous savons simplement que Sergio Domenico/Italie aurait battu Charmillon à deux reprises dans sa carrière, dont une à Gênes/Italie, selon l'image ci-dessous.

Rencontre entre la Savate et les Chakurikis et Championnats d'Europe, 29 novembre 1975 :

L'affiche de la soirée

A Paris (à l'hôtel Méridien), a lieu une rencontre, organisée par la Fédération Nationale de Savate (fédération dissidente ayant entraîné avec elle les meilleurs combattants de l'époque), Cette rencontre oppose une équipe des Chakuriki (voire l'article consacré aux Pays-Bas dans ce blog) et des pratiquants français. Robbie Harinck, Ron Kuyt, Gerard Bakker, Jan Kunst et John (Jhon) de Ruyter (Ruiter) auraient participé à ces combats, du côté des Bataves. Nous ne connaissons pas le résultat de ces matchs, si ce n'est que Jan Kunst perd contre Georges Simon et Christian Guillaume gagne contre un autre Néerlandais. Il est possible que Christian Guillaume ait été entraîneur lors de cette réunion, durant laquelle Dominique Valéra était présent.


Jhon de Ruyter/Pays-Bas au cours de la soirée

Le même soir, un combat oppose Bernard Le Prevost/France à Marc Beaute/Belgique, pour le titre de Champion d'Europe de Savate des poids plumes. La vidéo de ce combat est disponible à cette adresse : http://www.youtube.com/watch?v=xQ-DfXbqe0w Il semblerait que Le Prevost ait disputé un premier match le même soir, avant cette finale.

Le Prevost, en rouge, avec le bras arrière très académique

A la lecture difficile de l'affiche, il semblerait que Jean-Charles Charmillon/France ait été opposé à Roger Damien?/Belgique et que Todini/France ait été opposé à Giovanni Tasso/Italie, victoire de Todini à la fin du combat.

A la lecture du livre Marabout susmentionné, on apprend que MM. Charmillon, Todini, Simon et Le Prevost ont été Champions d'Europe en 1975.

Selon le livre italien "La Boxe Francese" de Giorgio Messina, paru en 1999 chez Edizioni Mediterranee, il apparaît les résultats suivants :

Bruno Berrina/Italie bat Lereuht/Belgique en mouches (marqué en 1965 ? dans le livre, mais Berrina serait né en 1948, donc aurait eu seulement 17 ans en 1965)
Todini/France bat Giovanni Tasso en welters

De plus, les Belges Muyters et Minocci auraient été éliminés en demi-finales de ces Championnats, sans plus de précisions.

A la page 292 de son livre précité, Jean-François Loudcher mentionne un article paru dans le journal Le Monde du 3 décembre 1975. La soirée n'a pas été organisée par la Fédération de Boxe Française, mais par le mouvement dissident, la Fédération Nationale de Savate. Un huissier aurait été mandaté par la Fédération officielle et il aurait constaté "un combat opposerait un professionnel à un amateur" et "un ou plusieurs combats auraient lieu à mains nues". Toujours selon le même livre, deux autres articles seraient parus dans l'Equipe du 28 novembre et du 2 décembre 1975.

Nous constatons que le diplome reçu par Tom Harinck et décerné par la Fédération Nationale de Savate et Boxe Française, est daté du 29 novembre 1975, soit le jour de la réunion du Championnat d'Europe.

Pour terminer, il semblerait que le 22 février 1975, toujours à l'hôtel Méridien, des Championnats de France aient été organisés par la Fédération Nationale de Savate. Une démonstration de boxe thaïlandaise aurait été effectuée par deux Néerlandais. Malgré le manque de détails donnés, faut-il y voir une première apparition en France des Chakurikis ?

Premiers internationaux de France, 11 février 1977 :

Ils ont lieu à Japy et ont réuni des membres des deux fédérations.

Conclusions :

De nombreux combats internationaux auront lieu à partir de 1980, mais ce blog termine sa narration à cette époque, afin de ne pas se disperser.

Il serait intéressant de déterminer si ce sont les confrontations régulières avec les équipes étrangères qui ont fait évoluer la Savate vers sa forme actuelle de combat au ko, avec une technique moderne ou si c'est une évolution interne française qui a permis ces confrontations.

Il est certain qu'à l'instar des autres sports de combats ayant évolués vers une pratique au contact, les techniques ont progressées depuis les années 1960/1970, visant une efficacité plus prononcée et la perte de technique surannée.

samedi 30 avril 2011

Trois champions mais pas trois vedettes, Natividad, Kurban, Garcia

Introduction :

Les trois karatékas mentionnés ci-dessous ont chacun connu une année de réussite exceptionnelle, mais sans devenir des vedettes, même à l'époque, malgré une forte exposition médiatique dans les journaux spécialisés et dans des films à succès.

"Les jours heureux"

Photo d'une équipe du Mainland contre l'Ile de Hawaii.

Second rang, 5 et 6ème depuis la gauche, John Natividad et Darnell Garcia.

Ces trois sportifs ont comme point commun d'avoir pratiqué le Taekwondo et d'avoir participé au tournage du documentaire "The New Gladiators".

John Natividad :

Début de carrière :

John Natividad est né à Hawaii, de descendants chinois et philipins. Duranrt sa jeunesse, il a vécu en Allemagne. avec son père, militaire dans ce pays. Elève de Chuck Norris et pratiquant le Tang Soo Do, il reçoit sa ceinture noire en 1970. Il mesure 5-11 et pèse 175 pounds.

Tiré du journal Black-Belt de novembre 1972. En 1971, au US All-Star Karate Team Championships, à Long Beach/Californie, John Natividad participe avec l'équipe de Chuck Norris. Natividad était prévu pour conbattre contre Jerry Piddington. Au dernier moment, Natividad a constaté qu'il devait combattre contre Joe Lewis, le champion de l'époque. A chaque fois que ce dernier bougeait, Natividad, dans un de ses meilleurs jours, le touche. A la surprise de tous, le Hawaïen gagne le combat. Pour cette victoire, entre autres, John Natividad recevra par la suite le titre de "Giants killer".

John Natividad semblait capable de gagner contre les meilleurs, tout comme de perdre contre des plus faibles, toujours selon le même article.

Selon le journal Black-Belt de juin 1972, John Natividad est éliminé par disqualification contre Vern Vaden, lors des matchs de qualification pour les Championnats du Monde de 1972. qui se dérouleront à Paris. Natividad a porté un coup avec trop de contact au ventre de son adversaire. Le journal mentionne que Natividad est un des seuls combattants non shotokan, et que des problèmes entre fédération existe lors de ces éliminatoires.

Selon le journal Black-Belt de décembre 1972, Natividad perd contre Roy Kurban à Boulder/Colorado, lors du Four Seasons Summer Karate Champioships, par 2-1.

Selon le journal Official Karaté de février 1973, John Natividad aurait battu Roy Kurban au National Black Belt Championships de 1972.

"1973" l'année parfaite :

Selon le journal Black-Belt d'octobre 1973, Natividad bat Roy Kurban, au Yamashita Open Karate Tournament de 1973, à Gardena/Californie, pour le titre des lourds. Natividad mène le combat, avant que Kurban revienne à la marque. Lors de la mort-subite, Natividad marque un point et remporte le match. Pour le titre de Grand Champion, Natividad bat Howard Jackson, également dans les prolongations.

Selon le journal Official Karate de novembre 1973, Natividad bat Roy Kurban pour le Colorado State Championships.

John Natividad (à droite) contre Roy Kurban

Selon un article paru en avril 1973, dans Black-Belt Magazine, John Natividad perd contre Ralph Alegria, pour le Grand Championship du 3ème Las Vegas International Karate Championships. Auparavant, Natividad avait battu Blinky Rodriguez pour la finale des lourds et Benny Urquidez pour l'éliminatoire du Grand Championships.

En 1973, Natividad perd contre Jeff Smith lors de la bataille d'Atlanta. Lors du Top Ten Nationals, Jeff Smith bat à nouveau John Natividad, durant les éliminatoires.

Le combat contre Benny Urquidez :

Ce paragraphe est basé sur l'article paru dans Black Belt de décembre 1973. En août 1973, aux Internationals Karate Championships à Long-Beach, organisés par Ed Parker, Benny Urquidez combat contre John Natividad et perd dans un combat prévu avec USD 2'500.-- de prime pour le vainqueur. Ce combat est considéré comme le meilleur combat de karaté aux points.

John Natividad bat tout d'abord Choo Choo Mayes pour le titre des mi-lourds. Pour le titre de Grand-Champion, Natividad bat Ralph Algegria par 2-0 et Benny Urquidez défait Bob Burbidge, par 3-2.

Benny Urquidez (à gauche) contre John Natividad

En finales, John Natividad remporte le premier round contre Benny Urquidez par 3-2. Au deuxième round, John Natividad reçoit une pénalité pour un coup de poing retourné, porté au visage. Urquidez mène par 6-4 à la fin du 2ème round. Dans le 3ème round, un coup de pied retourné de Benny Urquidez touche Natividad à la machoire. Urquidez est pénalisé. A la fin du 3ème round, les deux combattants se retrouvent à 12-12. Dans le temps supplémentaire, Natividad donne un coup de poing retourné et gagne le match par 13-12.

The New Gladiators :

John Natividad participe au tournage du documentaire "The New Gladiators", dans lequel est mentionné, entre autres, un voyage en Europe d'une équipe américaine de karaté. Dans ce blog, un article séparé est consacré à ce film. http://www.youtube.com/watch?v=oNULKCYeipg

Voici un extrait de ce film, avec de trop courts passages des combats de John Natividad en Angleterre et en Belgique.

Fin de carrière :

Selon le journal Official Karate de janvier 1974, John Natividad perd contre Everett Monsterman Eddy, au Las Vegas Four Seasons Nationals.

Selon le journal Black-Belt de mai 1974, John Natividad perd contre Darnell Garcia, au 2ème Annual Yamashita Open Karate Tournament. Un coup de pied de Darnell Garcia apporte le seul point gagnant.

Style :

Selon le journal Black-Belt d'octobre 1974, John Natividad est décrit comme suit : "Il est également formidable avec ses deux mains, mais est connu pour son son arsenal spectaculaire de coups de pied... John utilise avec succès un rythme brisé et des feintes de hanche décourageantes pour marquer avec son célèbre coup de pied circulaire ou de côté... La technique la plus réussie est son coup de poing gauche retourné, le plus souvent dirigé sur les aiselles ou les côtes de l'adversaire"

Natividad se retire de la compétition en 1975. Il étudie l'histoire et les sciences politiques, à l'université du Nevada.

Il a travaillé depuis lors dans les assurances et a continué à enseigner le karaté dans diverses villes américaines.

Roy Kurban :

Début de carrière :

Roy Kurban commence les arts martiaux en 1965, avec Allen Steen, dans son école de Taekwondo. Il reçoit sa ceinture noire en 1968. Il s'entraîne également en Corée durant une année, alors qu'il effectue un service militaire dans ce pays. Il mesure 6'2'' et pèse 180 lbs. Il combat principalement en mi-lourds. Roy Kurban est présenté comme en étudiant en Droit.

Selon le journal Black-Belt de décembre 1972, à Houston Texas, Kurban remporte le Karate Olympics. En finale, pour le Grand Championships, Kurban bat Jeff Smith, après avoir battu Ralph Jaske par 4-2. Kurban bat Max Aslup, pour le titre des lourds, par 5-4. Voici des extraits de combat qui pourraient être ceux susmentionnés contre Max Aslup et éventuellement Ralph Jaske. http://www.youtube.com/watch?v=vHJGhX970bo http://www.youtube.com/watch?v=K9zOJVoczN0

Toujours selon le même journal, Roy Kurban remporte le Colorado Four Seasons en battant Jim Butin en finale, après avoir battu John Natividad.

En 1973, pour les United States Karate Championships, Bill Wallace bat Kurban en finale du Grand Championship, grâce à un coup de pied.

Roy Kurban, en blanc, contre Bill Wallace

The New Gladiators :

En 1973, Roy Kurban participe au tournage du documentaire "The New Gladiators", dans lequel est mentionné, entre autres, un voyage d'une équipe américaine de karaté en Europe. Dans ce blog, un article séparé est consacré à ce film.

"1973", l'année parfaite :

Lors du Beverly Hill Invitationnal, Roy Kurban bat Blinky Rodriguez, Cecil Peoples et Ray Sua, avant de battre Steve Sanders en finales http://www.youtube.com/watch?v=qoJld8Kdrsw. Les combattants portent des protections aux pieds. Le contact au corps uniquement est autorisé.

Toujours dans ce film, lors des US Nationals Championships de 1974, durant lesquels les combattants portent des protections tant aux pieds qu'aux poings, le contact léger à la tête est autorisé, ainsi que le contact complet au corps. Roy Kurban bat tout d'abord Darnell Garcia, http://www.youtube.com/watch?v=d7Pah1grDqg puis Benny Urquidez en finales.

Le numéro d'avril 1975 de Black Belt Magazine mentionne ce tournoi sous le nom Western Pro/Am Karate Championships, disputé à Oakland/CA. Si les photos des combattants correspondent au film, il est par contre mentionné dans ce journal que Kurban bat Benny Urquidez en demi-finales et Darnell Garcia en finales. Cette version est confirmée par le journal Professional Karate de mars 1975. Il semblerait donc que ce soit le film qui mentionne une fausse chronologie entre la demi-finale et la finale. Le prix attribué au vainqueur est de USD 1'000.--.

Fin de carrière :

Dans le journal Black-Belt de juillet 1974, il est mentionné que Roy Kurban, vainqueur de deux éditions du US Karate Championships, était absent de l'édition en cours. Il aurait été interdit par l'American Karate Black Belt Association, pour une raison non précisée.

Selon le journal Black-Belt d'avril 1975, à Oakland, au Western Pro/Am Karate Championships, qui est annoncé comme un combat de Karaté professionnel, Roy Kurban bat Darnell Garcia en finale, après avoir battu Benny Urquidez . Le contact "modéré à fort" selon les cibles, est autorisé lors des combats. Kurban remporte USD 500.--.

En 1976, il aurait éventuellement remporté un match de full contact contre Blinky Rodriguez, en NKL, à Ft. Worth/Texas, mais sans plus de précisions.

Roy Kurban arrête la compétition en 1977.

Style :

Selon le journal Black Belt, d'octobre 1973, Roy Kurban est décrit comme suit : "Kurban combine une superbe condition physique avec une technique souple and des plans de jeux analytiques. Ses meilleures tactiques sont le coup de pied retourné avant, le coup de poing avec le revers du poing et un coup de poing retourné utilisé dans une large variété de combinaisons... Il génère tant de la puissance que de la vitesse...".

En 1978, Roy Kurban écrit le livre Kicking Techniques for Competition and Self Defense.

Roy Kurban a servi comme instructeur dans divers services de police et de l'armée des USA. Il a également servi dans les services de police et comme Juge.

Darnell Garcia :

Début de carrière :

Darnell Garcia, après des études couronnées par un bachelor en sciences, fait partie de l'armée US, dans la police militaire et les renseignements, ceci jusqu'en 1968. Il a alors commencé les arts martiaux avec Chuck Norris, en Taekwondo. Darnell Garcia est instructeur dans une des écoles de Chuck Norris. Il est le plus souvent mentionné comme combattants en mi-lourds, mais change parfois de catégorie.

"1972" l'année parfaite :

Selon le journal Black-Belt d'août 1972, au National Black Belt Championships d'Albuquerque, Nouveau-Mexique, Bill Wallace bat Darnell Garcia en finale du Grand-Championships, durant les prolongations.

Darnell Garcia (à droite) contre Fred Wren

Darnell Garcia remporte le Grand Champion des Internationals Karate Championships en 1972, contre Joe Lewis. Ce titre a permis à Darnell Garcia d'être considéré comme un des meilleurs combattants de l'année.

Darnell Garcia, à droite, contre Joe Lewis

En 1973, pour l'US Pro/Am, ou US Open Championships, à Ocean-City, Jeff Smith bat Darnell Garcia 5-4. Une vidéo d'un combat de Darnell Garcia lors de ce championnat, disputé contre Bradley Holland, est disponible à cette adresse : http://www.youtube.com/watch?v=e3EYnt0AIqc

Selon le journal Official Karate de janvier 1974, Darnel Garcia remporte le Grand Championships du Las Vegas Four Seasons Nationals de 1973, en battant Johnny Bell en finale et gagne USD 400.--.

En 1974, Jeff Smith bat Darnell Garcia, lors des Internationals Karate Championships d'Ed Parker, à Long-Beach.

Selon le journal Black-Belt de mai 1974, John Natividad perd contre Darnell Garcia, au 2ème Annual Yamashita Open Karate Tournament. Un coup de pied de Darnell Garcia apporte le seul point gagnant.

Selon le journal Official Karate de juillet 1974, Bill Wallace bat Darnell Garcia en quart de finales de la bataille d'Atlanta.

The New Gladiators :

Darnell Garcia participe en 1973 et 1974, au tournage du film The New Gladiators. On le voit lors de rencontres contre les équipes d'Angleterre et de Belgique. Dans ce blog, un article séparé est consacré à ce film. http://www.youtube.com/watch?v=oNULKCYeipg

Lors des US Nationals Championships de 1974, durant lesquels les combattants portent des protections tant aux pieds qu'aux poings, le contact léger à la tête est autorisé, ainsi que le contact complet au corps. Roy Kurban bat tout d'abord Darnell Garcia, http://www.youtube.com/watch?v=d7Pah1grDqg puis Benny Urquidez en finales.

Le numéro d'avril 1975 de Black Belt Magazine mentionne ce tournoi sous le nom Western Pro/Am Karate Championships, disputé à Oakland/CA. Si les photos des combattants correspondent au film, il est par contre mentionné dans ce journal que Kurban bat Benny Urquidez en demi-finale et Darnell Garcia en finales. Cette version est confirmée par le journal Professional Karate de mars 1975. Il semblerait donc que ce soit le film qui mentionne une fausse chronologie entre la demi-finale et la finale. Le prix attribué au vainqueur est de USD 1'000.--.

Fin de carrière :

Selon le journal Black-Belt d'avril 1975, à Oakland, au Western Pro/Am Karate Championships, qui est annoncé comme un combat de Karaté professionnel, Roy Kurban bat Darnell Garcia en finale, après avoir battu Benny Urquidez . Le contact "modéré à fort" selon les cibles, est autorisé lors des combats. Kurban remporte USD 500.--.

Le 10 mai 1975, à Long-Island, pour le titre mi-lourds de laWPKO, Fred Miller bat Darnell Garcia, aux points. Un article dans ce blog est consacré à ce championnat, organisé par Aaron Banks.

Style :

Dans le journal Black-Belt d'octobre 1974, Darnell Garcia est décrit comme suit : Garcia combine un style simpe et direct avec un point de vue analytique. Il marque la majorité de ses points avec un coup de poing gauche renversé et un coup de pied circulaire décourageant. Même quand il mène largement aux points, il ne change pas son style pour devenir truqueur. Au contraire, il continue à marquer ses techniques d'une telle manière que l'arbitre et au moins deux juges de coin puissent le voir..."

Darnell Garcia est apparu dans divers films, dont "Enter the Dragon" pour un tout petit rôle. Vidéo du combat de karaté dans ce film, avec Darnell Garcia : http://www.youtube.com/watch?v=96c78FzDLLo


Deux images du film "Opération Dragon" avec John Saxon et Darnell Garcia

Il a écrit deux livres, soit "Explosive Instincts and Mind Power" et "Fighting Art of Tang Soo Do".
Après sa carrière de karateka, Darnell Garcia commence à travailler pour le Département de police de Los Angeles. Par la suite, il a travaillé pour la DEA. Il semble avoir eu des ennuis avec la justice et aurait été condamné à de la prison ferme.

Conclusions :

Il est difficile d'expliquer pourquoi ces 3 combattants ne sont pas devenus plus célèbres que d'autres karatékas de l'époque, qui n'avaient pas forcément plus de victoires à leur actif. Mais chacun de ces trois sportifs a réussi à dominer le karaté américain durant au moins une année.

samedi 1 mai 2010

Trois surprises de Hawaii - Limoz - Rapoza - Goodson

Introduction :

Nous allons profiter de cet article pour parler de trois combattants ayant défrayé la chronique sportive, en 1974 et 1975, sans devenir des acteurs majeurs du full-contact de l'époque. Nous étudierons leurs cas de manière thématique et non pas chronologique.

Durant les années 1960 et 1970, Hawaii a continuellement fourni des combattants de qualités, comme Mike Stone ou John Natividad. De plus, cette île a fourni ses propres styles de combats, l'American Kenpo et le Kajukenbo.

Kenpo et Kajukenbo :

Même s'il est très difficile de définir l'American Kenpo, on pourrait résumer son développement en mentionnant que des techniques asiatiques ont été adaptées à Hawaii et diffusées par diverses écoles. Ed Parker a créé une branche de ce Kenpo, en le diffusant à travers tous les USA dans les années 1950. La vitesse d'exécution des mouvements est une particularité du Kenpo d'Ed Parker.

Le Kajukenbo, quand à lui, dérive également de ces techniques originales, et a pris un chemin direct vers un style d'auto-défense. Un de ses créateurs, à la fin des années 1940, est le nommé Adriano Emperado.

Teddy Limoz :

Boxe :

En 1975, Teddy Limoz est un boxeur professionnel de 27 ans, En amateur, il a gagné le titre d'Hawaii, dans la catégorie des moyens et a participé aux éliminatoires pour les jeux olympiques de 1968, via les Golden Gloves et les Diamonds Gloves.

Teddy Limoz boxeur (1975)

A la lecture de son palmarès, selon le site BoxRec, il a effectué les combats suivants, dans la catégorie poids moyen et mi-lourds :

13.09.1969 Vaa Fuata gko2 Honolulu/Hawaii
11.02.1970 Marijon Kolar gtko 2 Honolulu/Hawaii
23.02.1971 Marijon Kolar gp4 Honolulu/Hawaii

Teddy Limoz ne semble pas avoir combattu pendant deux ans.

30.03.1973 Etuale Sua gp4 Honolulu/Hawaii
29.01.1974 Etuale Sua gp5 Honolulu/Hawaii
24.08.1974 Sam N'Gata gp 5 Honolulu/Hawaii
01.10.1974 William Vea gko 1 Honolulu /Hawaii

A ce moment-là, Teddy Limoz se consacre aux arts martiaux. Selon le journal Black Belt de décembre 1975, Limoz aurait gagné 7 de ses 8 combats professionnels, ce qui ne correspond pas au palmarès de BoxRec. Dans le même article, il est mentionné que Limoz s'est entraîné avec Oscar Bonavena et Jerry Quarry (adversaires de Muhammad Ali), lors de leur passage à Hawaii, ceci en 1974 et 1975, selon BoxRec.

25.02.1978 Mack Foley ptko 3 Las Vegas/Nevada
22.11.1983 Atelea Kaihea ptko 3 Honolulu/Hawaii

En conclusion, selon l'examen des palmarès de ses adversaires, aucun d'eux n'a été un champion national ou international.

Arts Martiaux :

Il est parfois mentionné que Limoz s'entraîne au Karaté avec Dana Goodson (voir plus bas), et qu'il pratique le Kenpo. Goodson lui aurait appris les coups de pied et Limoz lui aurait enseigné les coups de poing (article Black Belt décembre 1975).

En 1975, Teddy Limoz participe au First Full-Contact Tournament à Hawaii et bat Augie Evans par ko. Limoz doit abandonner le tournoi, sur blessure et Evans est qualifié à sa place pour continuer la compétition.

4ème World Series of Martial Arts : 27 juillet 1975 Honolulu/Hawaii, H.I.C. Arena.

Concernant les WSMAC de Tommy Lee, prière de lire l'article consacré à ce sujet dans ce blog.

Lors de cette série, en poids lourds, Teddy Limoz bat Ken Bell par ko au 1er round, après l'avoir envoyé 3 fois au tapis. Ken Bell a déjà perdu le 156.03.1975 contre Dana Goodson.

Pour la Finale, Joe Lewis (Champion du Monde en titre de Full-contact PKA, voir article séparé dans ce blog) et Ted Limoz se rencontrent. Ils commencent par s'étudier lors du premier round et Joe Lewis remporte cette reprise. Au deuxième round, Ted Limoz encaisse les coups de pied et de poing de son adversaire et continue à lui faire face. Joe Lewis s'accroche à son adversaire et reçoit même un avertissement pour coup de tête. Ted Limoz fait le forcing au 3ème et dernier round. Joe Lewis se protège et finit par être blessé à l'oeil. Un médecin examine cette blessure et le laisse reprendre le combat. Ted Limoz continue à poursuivre son adversaire avec ses coups de poing et remporte finalement la reprise et le match.


Limoz (à gauche) contre Lewis

Relevons que les combattants portaient des protections aux coudes et avaient donc le droit d’utiliser ces parties du corps pour frapper leur adversaire. Il ne semble pas que les projections et les immobilisations aient été utilisées lors de ces combats. Par contre, sur la vidéo du match opposant Lewis à Ron Clay (le même soir), on remarque que ce dernier emploie les coups de genoux.

Grâce à cette victoire, Limoz gagne entre USD 3'000.-- et 5'000.--, selon les versions.

Il fait l'objet de nombreux articles dans les journaux comme celui de Black-Belt paru dans le numéro de décembre 1975. Dans tous les articles consacrés à Teddy Limoz, il est mentionné qu'il s'agit d'un bagarreur , qui a plus de combats de rue à son actif que sur le ring. Il aurait travaillé dans la construction.

Autres combats :

Le 28.08.1976, Limoz bat Mike Arroyo, à Hawaii, en full-contact. Limoz perd le premier round pour ne pas avoir donné assez de coups de pied. Au deuxième round, Limoz envoie Arroyo, pratiquant le karaté, deux fois au tapis avec des droites et gagne par kot. Il est à relever que selon Karate Illustrated de mars 1977, ce combat aurait été pour le titre PKA des poids lourds.

Teddy Limoz (droite) contre Mike Arroyo

Ceci est à mettre en relation avec un article paru sur Internet, dans lequel nous retrouvons la mention que Limoz n'a pas pu participer à un tournoi contre l'équipe Kyokushinkai du Japon, en visite à Hawaii (1977 ou 1978 ?). Limoz aurait été blessé à ce moment-là. Il est précisé que Limoz est le champion du monde PKA. Nous n'avons trouvé nulle part ailleurs la mention que Limoz est titulaire du titre, alors détenu à notre connaissance par Ross Scott, depuis son combat en 1976 contre Johnny Lee.

En février 1977, Ted Limoz bat Danny "Scorpio" Wright, aux points en 4 round, lors d'un tournoi nommé Martial Arts Spectacular, organisé à Honolulu par Walter Godin, du Kula Ona Kupale Kenpo Karate. Wright est sévèrement malmené durant le 3ème et 4ème round. Merci à Brian Howell pour la photographie et les informations.

Teddy Limoz (gauche) contre Wright

Comme nous ne connaissons pas de défaites en full-contact pour Limoz, et nous ne savons pas ce qui l'a fait arrêter la pratique de ce sport.

A nouveau boxeur :

En 1978, Ted Limoz reprend la boxe et perd un combat à Las-Vegas. Il perdra encore un combat en 1983, à Honolulu.

Après sa carrière :

Selon l'Honolulu Star Bulletin du 8 mai 1990, Ted Limoz aurait été condamné pour homicide involontaire ? (manslaughter), à une peine prévue entre 5 et 10 ans de prison, suite à un brigandage mortel, éventuellement pour de la drogue (sans autres précisions et certitudes).

Il est aussi connu sous le nom de Ted Limoz Sr, (son fils étant également boxeur), de Teddy, Theodore ou Theo Limoz.

Nous ne connaissons rien de son activité actuelle.

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Victor Rapoza :

Nous ne savons rien des activités sportives de Victor Rapoza avant son premier combat. Il aurait pratiqué le Kenpo, avec une ceinture pourpre. Il aurait été pompier et aurait participé à la guerre du Vietnam.

3èmes World Series of Martial Arts le 21.06.1975 :

En poids lourds, Victor Rapoza bat avant la limite Chris Michaël en demi-finales.

Victor Rapoza à la pesée

En finales, Victor Rapoza bat Everett Monsterman Eddy, par ko au 2ème. Rapoza domine lors du premier round et les deux combattants échangent des coups de poing au 2ème round, quand une gauche suivie d'une droite envoient Eddy au tapis pour le compte.

Avant ce combat, Everett Eddy était considéré comme le challenger de Joe Lewis, Champion du Monde PKA et qui allait perdre contre Ted Limoz un mois plus tard.

Autres combats :

Nous ne sommes pas sûrs de ce qui suit. Ross Scott aurait battu par ko Victor Rapoza, ou aurait fait match nul selon le journal Black Belt de mars 1980. Lors de la même soirée, Ross Scott aurait perdu par ko, contre Dana Goodson (voir l'affiche dans le chapitre suivant). Le titre PKA de Ross Scott n'était pas en jeu. Selon d'autres sources, le combat Ross Scott contre Dana Goodson aurait eu lieu quelques années plus tard, vers 1981.

L'affiche de Victor Rapoza à côté de Ross Scott (1976 ?)

Victor Rapoza a battu Carlton Morris en 1976.

Après sa carrière sportive :

Victor Rapoza est un ancien pompier, qui travaille actuellement au Ice House au Wai'anae Small Boat Harbor, à Hawaii. Nous recherchons plus d'information sur son palmarès.

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Dana Goodson :

Karaté traditionnel :

Il aurait commencé sa pratique des arts martiaux en 1965. Dana Goodson est un adepte du Kenpo.

Selon le journal Black-Belt de décembre 1973, au Norris Waterway Kumite en Californie, Goodson bat John Natividad par 5-4, Steve Fischer par 2-0, Smiley Uruqidez 5-4 avant de perdre en finales contre Darnell Garcia 5-4. Il s'agit d'un formidable parcours pour un nouveau arrivé sur les circuits.

Selon le journal Black-Belt d'avril 1974, lors du All Star Black-Belt Team, à Los-Angeles, Goodson bat une fois de plus John Natividad 2-1 et Ralph Alegria 3-0, avant de perdre contre Howard Jackson par 2-1. A nouveau un formidable résultat contre des adversaires de valeur.

En 1975, un tournoi se tient à Hawaii, sous le nom de First Full-Contact Tournament. Dana Goodson perd contre Augie Evans.

1ère série : 14 et 15 novembre 1974, Honolulu/Hawaii

Cette première série ne comporte pas de catégorie de poids. Une somme totale d’USD 10'000.— est à diviser entre les vainqueurs, le gagnant remportant USD 5'000.—

A la fin du premier jour, 16 finalistes sont désignés selon leurs résultats :

Dana Goodson bat entre autres Jack Atkins par ko au 1er round et Blink Ordalies aux points. Il bat également Blinky Rodriguez. Video du combat : http://www.youtube.com/watch?v=xTCRxRcBh48

En finales, Benny Urquidez, poids léger naturel, bat aux points Dana Goodson, Précisons que Goodson mesure 6’1’’ et pèse 230 lbs. Urquidez a réussit a envoyer son adversaire au tapis et à le maitriser au sol, durant 5 secondes. Sa condition physique supérieure a permis à Urquidez de dominer son opposant, vidéo http://fr.youtube.com/watch?v=yblJ9VqHW8w

Dana Goodson (droite) contre Benny Urquidez

2ème série : 16 mai 1975, Los Angeles Sport Arena

Lors de cette série, en poids lourds, Everett "Monster Man" Eddy bat Sam Pace, par un lourd ko au 2ème round, suite à un enchaînement de coups de pied et de poing. Par la suite, Dana Goodson bat Ken Bell, par ko au 3ème. En finales, Everett Eddy bat Dana Goodson. Extrait du match : http://www.youtube.com/watch?v=Ba9AgpwW-8c


Dana Goodson (droite) contre Everett Eddy

Autres combats :

01.10.1976 : Nous ne sommes pas sûrs de ce qui suit. Ross Scott aurait perdu par ko, contre Dana Goodson. Le titre PKA de Ross Scott n'était pas en jeu. Selon d'autres sources, le combat Ross Scott contre Dana Goodson aurait eu lieu quelques années plus tard, vers 1981.

L'affiche annonçant le combat entre Ross Scott et Dana Goodson en 1976

En 1983, Dana Goodson perd contre Maurice Smith, titre mondial en jeu.
Selon certaines sources, Dana Goodson aurait un palmarès de 18-4, en kick-boxing.

Boxeur :

Contrairement à Ted Limoz, Dana Goodson commence une carrière de boxeur professionnel poids lourds, après ses premiers succès en full-contact.

Selon le site BoxRec, il aurait le palmarès suivant :

28.02.1978 Sam N'Gata gp5 Honolulu
28.03.1978 Sam N'Gata gp5 Honolulu
06.03.1979 Five Star Nuuvali gtko 2 Honolulu
31.07.1979 Lee Holloman gp6 Honolulu
19.02.1980 Sefulu Togafau nc2 Honolulu
12.07.1983 Albert Myles pp6 Honolulu

N'Gata a également été un adversaire de Limoz, en 1974. Aucun des adversaires de Goodson n'a été champion national ou international.

Après sa carrière sportive :

En 1979, Dana Goodson joue un petit rôle dans la Série Hawaii Police, épisode nommé Sign of the Ram.

Il a déjà été l'entraîneur de Ted Limoz à Hawaii avant 1975.


Dana Goodson (gauche) déjà entraîneur de Limoz face à Lewis

Dès 1990, il devient l'entraîneur de Stan Longidinis, qui sera champion du monde de kick-boxing.

Dana Goodson est décédé en 2000, en Australie, où il avait émigré.

Conclusions :

Même si au point de vue géographique, la corrélation entre ces trois combattants est évidente, il faut surtout relever que vu le niveau faible des meilleurs combattants au début du full-contact, des simples débutants pouvaient encore battre les champions de l'époque.

La pratique des arts martiaux et le niveau de violence d'Hawaii à l'époque ont créé le milieu propice pour l'émergence de tels combattants. Les trois précités ont d'ailleurs pratiqué le Kenpo.

De plus, chacun de ses trois combattants, après son heure de gloire, a vite disparu des palmarès.

Pour terminer, nous relèverons qu'à l'exception de Dana Goodson, il est malheureusement impossible à ce jour de voir une vidéo des combats des susmentionnés.

samedi 20 février 2010

Black Karate Federation, Jim Kelly et Karriem Allah

Introduction :

La Black Karate Federation, ci-après BKF, représente un fait significatif de l'évolution du mouvement noir aux USA, durant les années 1970. Nous n'entrerons pas dans les détails de l'émancipation des noirs américains, (p.e. : Martin Luther King, le mouvement musulman d'Elijah Muhammad, Malcolm X, les Panthères noires, etc.). La BKF n'a d'ailleurs aucun rapport avec les revendications politiques des mouvements précités.

Par contre, il est utile de comprendre l'attitude des athlètes afro-américains par rapport aux USA, attitude qui se retrouve dans de multiples sports, comme la boxe, l'athlétisme et dans une moindre mesure le karaté.

Le plus célèbre exemple est Mohammed Ali, auparavant Cassius Clay, qui s'est converti à l'Islam au milieu des années 1960, en changeant de nom et qui s'est opposé à son envoi avec l'armée, au Vietnam. Toujours en boxe, les Champions du Monde des mi-lourds, Eddy Gregory et Matthew Franklin, pour ne citer qu'eux, ont également changé leurs noms vers la fin des années 1970, en Eddy Mustafa Muhammad et Matthew Saad Muhammad, après une conversion à l'Islam.

En athlétisme, aux Jo de Mexico de 1968, les athlètes noirs-américains Tommie Smith et John Carlos, médaillés d'or et de bronze sur le 200 mètres, baissent la tête et lèvent leurs poings gantés de noir, sur le podium. Ils ont été exclus des JO. Quelques jours plus tard, les médaillés américains du 400 mètres porteront un béret noir lors de la remise des médailles. En 1972, lors des JO de Munich, d'autres athlètes noirs-américains ont un comportement "désinvolte" sur le podium, qui les fait exclure à leur tour.

En basket-ball, le joueur Ferdinand Lewis (Lew) Alcindor s'est également converti à l'Islam, devenant en 1971 Kareem Abdul Jabbar, joueur mythique de NBA.

Black Karate Federation :

Mentionnons tout d'abord que les membres de la Black Karate Federation ne sont pas les précurseurs du karaté noir-américain. Des combattants comme Thomas LaPuppet ou Victor Moore les avaient précédés dans ce domaine.

La Black Karate Federation a été fondée en 1968, selon diverses sources. Un court extrait d'un documentaire sur l'histoire de la BKF : http://www.youtube.com/user/usakaratestory#p/u/0/4zHJPiHYGi8


Jim Kelly à gauche et Steve Sanders autour du logo de la BKF
dans Opération Dragon


Le logo de la BKF avec ses couleurs rasta

Steve Sanders aurait été déclaré injustement perdant lors d'un combat disputé contre Joe Lewis, éventuellement en 1969. C'est cette défaite qui aurait motivé la création de cette fédération, parmi tant d'autres Les combattants noirs étaient souvent confrontés entre eux dans les tournois, afin que le plus grand nombre soit éliminé.

Les fondateurs de la BKF sont Cliff Steward, Ron Chapel, Jerry Smith, Steve Sanders, Donnie Williams, Curtis Pulliam et Carl Armelin. Sanders serait devenu le premier président de la BKF. Cette fédération est tout d'abord active dans la région de Los-Angeles.

La première école est ouverte au 103rd Street School.

Une photo de la première école

Les entraînements semblaient ouverts à tous les pratiquants et à tous les styles. Une séquence du film "Opération dragon" a été tournée dans cette école. Le liens vers cette vidéo : http://www.youtube.com/user/usakaratestory#p/u/3/cQReFu7NKpU

De nombreux fondateurs étaient des vétérans de la guerre du Vietnam et/ou des policiers.

Selon le journal Black-Belt d'avril 1989, 32 écoles ont été ouvertes au total. La BKF annonce alors 1'000 membres, noirs ou blancs.

Le but de la BKF était de regrouper les intérêts des pratiquants de couleur, d'améliorer leur formation et d'aller chercher les jeunes dans la rue pour les amener au Dojo, afin de les empêcher de commettre des délits.

Steve Sanders, alias Muhammad :

Il commence par étudier le Goju Ryu, puis le Kenpo d'Ed Parker. Par la suite il étudie avec Chuck Sullivan à la Censhaw School.

Sanders a été engagé lors de la guerre du Vietnam et a été policier durant une période de sa vie.

Nous citerons les résultats suivants :

En 1968, pour le Grand Champion des Internationals, Sanders perd contre Chuck Norris.

En 1968, Sanders perd contre Bill Wallace, pour le tournoi par équipes, disputé à Chicago.

En 1969, Sanders perd contre Joe Hayes, lors du East Coast vs West Coast, selon le livre d'Al Weiss, The Official History of Karate in America, page 115.

En 1969, durant un tournoi inconnu, mais éventuellement aux Internationals, Sanders aurait perdu injustement contre Joe Lewis. Nous n'avons pas plus de détails sur ce combat.

En 1970, Sanders est 3ème des légers au 7ème annual Internationals à Long- Beach, derrière Byong Yu et Benny Urquidez, selon le livre d'Al Weiss, page 132.

En 1971, Sanders remporte le titre des légers lors des Internationals. Il bat Jim Kelly, dans le premier tour du Grand Championship. Sanders perd éventuellement contre Joe Lewis pour le titre de Grand Champion. Nous n'avons pas plus de détails sur ce tournoi.

Selon le journal Black-Belt de février 1972, lors du California Team Championships, Steve Sanders, dans l'équipe de Los Angeles, fait match nul avec Ron Marchini. Sanders bat également Howard Jackson par 2-0.

En 1974, durant le Beverly Hills Invitational, son combat perdu contre Roy Kurban est enregistré pour le film "The New Gladiators". Liens vers la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=qoJld8Kdrsw

En 1974, durant le Pro/Am World Association of Karate, Sanders perd en finales contre Joe Lewis par 4-3.

Joe Lewis (à gauche) contre Steve Sanders, en 1974

Le surnom de Sanders était "The fastest hands in Karate". De plus, le Kenpo qu'il pratiquait était connu pour ses enchaînements rapides et légers de coups.

Parmi les élèves de Sanders, citons Sammy Pace.

Sanders a écrit Championship Kenpo, avec Donnie Williams.

Le livre de Steve Sanders avec le logo de la BKF en bas à gauche

A une date inconnue, Sanders a changé son nom en Muhammad, après une conversion à l'Islam.

Donnie Willams :

Williams est né en 1947. Il a pratiqué le Shotokan, puis le Taekwondo, avec Byong Yu. Par la suite, il a pratiqué le Kenpo, avec Steve Sanders.

Donnie Williams perd contre Howard Jackson en 1973, au premier tour du Las- Vegas Four Seasons Nationals, selon le livre d'Al Weiss, page 157.

Donnie Williams (à droite) contre Howard Jackson

Il est appelé actuellement Bishop, et a organisé une congrégation en Californie du Sud, soit la Family Church, ce qui est une évolution différente des conversions à l'Islam précitées.

Il a participé à la production du journal BKF Magazine. Il a tourné dans Opération Dragon et dans Black Belt Jones, avec Jim Kelly, cité plus bas.

Jerry Smith :

Jerry Smith est le partenaire d'entraînement de Joe Lewis et pratique le Shorin-Ryu. Il devient un des premiers entraineurs de full-contact.

Smith est capitaine de l'équipe BKF, quand elle remporte les Internationals de 1971, 1972 et 1973.

Jerry Smith perd 2-1 contre Darrell Lassiter, pour la finale des légers, en 1978, lors du 6ème Prairie States Championships. Lassiter est averti pour un coup porté avec trop de contact, selon le livre d'Al Weiss, page 190. En 1978, Smith dispute éventuellement un match en 3 rounds, contre Glenn Keeney, en light-contact.

Ron Chapel :

Nous savons simplement qu'il était sergent dans la police de la Californie.

Cliff Stewart :

Nous savons uniquement qu'il a pratiqué le Goju-Ryu et l'Hapikido.

Curtis Pulliam :

Il perd contre John Fishbein, lors du Demura UCI Karate Tourney, selon Black-Belt de juin 1969.

Lors du Four Season Karate Tourney, Torrance/Californie, Curtis Pulliam participe au All Stars. Ses résultats dans ce tournoi sont inconnus, selon Black-Belt d'août 1969.

Les élèves de la BKF :

Il est impossible de citer tous les élèves issus de la BKF. Nous mentionnerons Roland Talton, ex-policier qui participera aux WSMAC, dont voici l'extrait d'un combat : http://www.youtube.com/user/usakaratestory#p/u/1/aWLvEd3ykc8. Nous citerons également Lenny Fergusson, premier noir américain à remporter le Grand Championship des Internationals de 1975,

Jim Kelly :

Jim Kelly, plus connu comme acteur que comme combattant, a été l'élève de Parker Sheldon, en Shorin-Ryu.

En guise de résultat, nous pouvons citer qu'au Ed Parker's Internationals de 1971, Jim Kelly remporte le titre des moyens. Pour le premier tour du Grand Champion, il perd contre Steve Sander, champion des légers. Extrait d'un combat de Jim Kelly contre un adversaire inconnu, certainement durant les Internationals de 1971 : http://www.youtube.com/watch?v=e2WVWCLel5s

Selon le journal Black-Belt de février 1972, lors du California Team Championships, Jim Kelly fait match nul avec Bob Halliburton. Jim Kelly bat encore Walker par 4-2.

Jim Kelly en action, à droite, contre un adversaire inconnu

Par la suite, Jim Kelly tourne dans divers films, dont "Opération Dragon" avec Bruce Lee et "Black Belt Jones". Jim Kelly se convertira au tennis, obtenant des résultats intéressants en Californie.

Il est un exemple parfait de l'acteur type des films noirs américains, du genre Blackexploitation, tel que "Shaf". Ces films narrent le plus souvent les discriminations dont souffrent les Noirs aux USA, à cette époque.

Nous n'avons pas trouvé de texte précis sur l'implication éventuelle de Jim Kelly dans la BKF.

Karriem Allah, alias Karriem Abdallah :

En dehors de la BKF, d'autres pratiquants vivent une évolution intéressante. Selon le journal Black-Belt de juin 1976, Karriem Allah est âgé de 17 ans en 1963. Karriem Abdallah aurait été formé par James Cheatham. Sous son nom de naissance, Karriem Allah aurait combattu en 1964 ou 1965 contre Mike Stone, éventuellement lors d'un tournoi organisé par Jhoon Rhee à Washington. Karriem Abdallah perd contre Lou Lizotte. Nous n'avons pas retrouvé la trace de ces combats.

Karriem Allah a combattu en 1975 contre Jeff Smith pour le titre PKA des mi-lourds. Karriem Allah n'avait semble-t-il pas d'expérience en full-contact, sport très récent à l'époque, ce qui ne l'empêche pas de tenir les 11 rounds contre le Champion du monde. A la fin du combat, la décision est partagée entre les juges. Liens vers la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=tIIzQIcyPtw

Karriem Abdallah vs Jeff Smith, pantalon blanc

Il s'agit peut-être de la première défense officielle du titre PKA, mais Jeff Smith avait déjà disputé au moins 4 combats en full-contact. Ce match a été diffusé en ouverture du 3ème combat disputé entre Muhammad Ali et Joe Frazier.

Nous avons retrouvé la trace vidéo d'un combat entre Kariem Allah, devenu Abdallah, et Maasi, qui est éventuellement un pratiquant du Bando, nommé aussi Mfundishi Maasi, et originaire du New-Jersey. Nous ne connaissons pas la date de ce combat, qu'Abdallah remporte avant la limite. Liens vers la vidéo : http://www.youtube.com/user/karriemabdallah#p/a/u/0/XEnnhLLTszI


Karriem Allah Abdallah (left) vs Maasi

Karriem Abdallah a créé en novembre 1967, son propre système, nommé "K.A. System of Karate". Il aurait éventuellement été l'entraineur de boxe du Champion du Monde des mi-lourds Eddie Mustafa Muhammad, auparavant appelé Eddie Gregory et de Eddie "Yaqui" Lopez, challenger au titre des mi-lourds.

Karriem Abdallah est un fidèle du guide musulman Elijah Muhammad, comme de nombreux afro-américains de l'époque.

Nous n'avons trouvé aucune trace d'une relation entre Karriem Abdallah et la BKF.

Conclusions :

Les sportifs précités ont permis de faire évoluer la cause des afro-américains, tant dans le sport, où ils sont devenus incontournables, que dans la politique, en donnant une caisse de résonance médiatique au mouvement général.

Même si le karaté n'a pas été l'élément moteur de cette évolution, vu le manque d'impact populaire de ce sport, il a malgré tout contribué à la reconnaissance des droits des sportifs noirs américains.

samedi 9 janvier 2010

Wally Slocki. Un Canadien parmi les Américains.

Introduction :

Le but de cet article est d'établir une biographie sportive d'un combattant particulier des années 70. Wally Slocki a en effet su s'adapter à l'évolution du karaté au full-contact, tout en gardant une méthode de combat proche du karaté traditionnel. Il n'a pas eu peur d'être confronté aux principaux combattants de full-contact de l'époque.

Karaté traditionnel :

Né vers 1947, Wally Slocki a commencé par le Judo à 6 ans, puis a pratiqué le Kung-Fu en 1964, pour se spécialiser dans le Karaté japonais en 1965, sous la conduite de Masami Tsuroka (Shito-Ryu) et Benny Allen (Shito-Ryu). En 1967, 1968 et 1970, Slocki a été Champion du Canada de Karaté.

Championnat du Canada 1968


1967. All-Star First American Tae Kwon Do Nationals Karate Tournament. Wally Slocki de Toronto, annoncé comme un pratiquant du Goju Ryu, rencontre Hanke, du Shorin-Ryu de Détroit. Slocki est battu. Auparavant, Slocki a battu Barron, du Isshinryu. Tiré de Black-Belt avril 1968.

23/24.11.1968. World Professional Karate Championship. New-York. Les informations qui suivent sont tirées du journal Black-Belt de mai 1969. David Moon, du Texas, bat Wally Slocki, par 39 à 38, dans les phases éliminatoires.

Le 15.06.1969, lors du Grand Nationals Karate Championship, Bill Wallace bat Wally Slocki, dans les phases éliminatoires. C'est éventuellement à cette occasion que Wallace a touché fortement le nez de Slocki, qui saigne abondamment.

1969. East Coast vs West Coast Open Championship à New-York. Slocki remporte le titre des lourds, en dehors de la compétition par équipes. Wally Slocki bat Panama Jones.

1970. Catégorie des lourds. Wally Slocki, rencontre Berry Hankerson au Gerald Orange's Dojo. Peter Urban est l'arbitre. Les combattants se saisissent à de multiples reprises. L'arbitre doit arrêter le combat pour qu'ils reprennent leurs esprits. Walter Slocki remporte le combat. Tiré de Black-Belt avril 1971.

Novembre 1971. Ontario Karate Championship. Bob Smith bat Wally Slocki. Tiré de Black-Belt novembre 1971.

1973. Ontario Open Karate Championships. Slocki bat Bill Kelly, pour le titre des lourds. Auparavant, Slocki a battu Villeneuve, grâce à un coup de poing au ventre. Il enchaîne par un coup de pied au visage, avec un léger contact. Aucune pénalité n'est comptée. En demi-finales, Slocki bat Everett Francis. Slocki finit également deuxième en kata. Tiré de Black Belt juillet 1973.


Wally Slocki, à droite, contre Everett Francis.

Voici une vidéo de divers combats de Karaté traditionnel disputés par Wally Slocki, sans que nous ne connaissions le nom de ses adversaires. Le plus long est peut-être disputé contre Panama Jones en 1969. http://www.youtube.com/watch?v=UowyJIPN3pc

Kick-Boxing et Full contact :

Joe Lewis vs Wally Slocki :

En 1970, Joe Lewis est le pionnier du kick-boxing aux USA. Il a déjà battu Greg Baines et éventuellement Ed Daniel. Wally Slocki n'a pas l'expérience des combats au ko. Joe Lewis rencontre Wally Slocki, et le bat avant la limite au 3ème round, à Toronto. Ce dernier porte un t-shirt alors que Joe Lewis est torse nu. Il n'y a pas de ring. Au 2ème round, Lewis donne un coup de genou et Slocki tombe. Vidéo d'une partie du combat : http://www.youtube.com/watch?v=WURXL-JalIw

Le fameux coup de genou de Lewis (à droite) face à Slocki

Controverse :

Slocki a affirmé que cette rencontre était une démonstration et que Lewis l'aurait menacé, entre deux rounds, de le frapper violement. Slocki affirme que Lewis lui aurait cassé le nez. Adresse du témoignage : http://www.usadojo.com/biographies/wally-slocki.htm

Dans un interview à l'adresse http://www.mikemiles.com/index.php?p=interviews&i=joe_lewis Joe Lewis affirme que Slocki avait peur de lui et que le promoteur lui avait donc demandé de ne pas forcer. Slocki aurait donné des coups violents au début de cette exhibition. Lewis aurait alors décidé de faire tomber Slocki. Lewis donne un coup de genou et Slocki tombe. L'arbitre aurait demandé à Lewis de baisser d'intensité, mais à la pause suivante, Slocki aurait abandonné. Lewis précise que l'arbitre aurait levé les bras des deux combattants à la fin de l'exhibition.

Pour la petite histoire, il est souvent affirmé que Bruce Lee aurait été présent dans l'assistance, lors de ce combat. L'image suivante n'est pas assez claire pour être affirmatif à ce sujet.

Bruce Lee en veste noire et pantalon blanc ?

Premiers Championnats du Monde PKA :

1974. Los Angeles. (voir l'article consacré à cette soirée, dans ce blog, 14 septembre 1974 à Los Angeles).

Deux Canadiens sont appelés par l'organisateur pour participer à ces premiers championnats, soit Wally Slocki et Daniel Richer.

Dans son premier match, pour la catégorie des mi-lourds, Wally Slocki rencontre le Japonais Ryu Kenji. Ce dernier, âgé de 20 ans et pratiquant le Kempo, pèse 30 lbs de moins que Slocki, qui remporte le combat très facilement et en n'hésitant pas à faire son show. Kenji va au tapis à deux reprises. Vidéo du combat : http://www.youtube.com/watch?v=62K3W8isTjA

En finales, Jeff Smith bat Wally Slocki, aux points. Smith gagne le premier round et Slocki le second. Pour finir, Smith gagne le troisième round, car un point est déduit à l'encontre de Slocki, suite aux instructions données par l'arbitre. Vidéo du combat : http://www.youtube.com/watch?v=2qDbxdQ29os

Bataille d'Atlanta :

2 août 1976. Jeff Smith, alors Champion du Monde des mi-lourds, bat Wally Slocki pour le titre, aux points, décision à nouveau partagée entre les juges. Extrait du combat : http://www.youtube.com/watch?v=uuGDSb9jIQM

Coup de pied circulaire de Slocki contre Smith

Palmarès :

Nous ne connaissons malheureusement pas le palmarès de Slocki, en full-contact. Nous ne lui connaissons aucun autre combat que ceux mentionnés plus haut.

Style :

En Karaté traditionnel, Slocki utilise une garde mouvante, avec des gestes théâtraux. Il dit avoir voulu utiliser la force de l'adversaire, plutôt qu'essayer d'imposer sa propre force. De plus, Slocki donne de très bons coups de pied circulaires.

Exemple de coups de pied circulaires.

En 1974, lors des Championnats PKA, Slocki a gardé des techniques de karaté traditionnel, n'hésitant pas à effectuer de nombreux ciseaux volants pour faire tomber son adversaire, ce qu'il réussira contre Jeff Smith. Dans son combat de 1976, toujours contre Jeff Smith, Slocki deviendra plus sobre et combattra avec des techniques spécifiques au full-contact.

Slocki exécute son ciseau volant pour faire tomber Smith (à droite)

Conclusions :

Même si Wally Slocki n'est pas la figure principale du développement du Karaté et du Full-Contact, en ayant été opposé aux meilleurs combattants, il reste un des participants remarquables de cette évolution.

De plus, Wally Slocki aura été le seul pionnier canadien du full-contact, parmi tous les Américains présents.

samedi 24 octobre 2009

Pays-Bas : les pionniers du ko en Europe

Introduction :

Il est étonnant qu'un aussi petit pays pacifiste et riche fournisse un aussi grand nombre de champions des sports pieds-poings. Même si depuis les années 1980, les champions actuels sont souvent issus de l'immigration, les Pays-Bas continuent à briller dans ces sports.

Le but de cet article est de narrer les débuts des sports de combat avec KO, jusqu'en 1980, et de déterminer les raisons de ce succès.

A la fin de cet article est dressée une liste des principales compétitions disputées par les combattants bataves et leurs résultats.

Historique :

Il est très difficile de faire la part entre les affirmations des personnes intéressées et la réalité.

Nous baserons notre texte sur l'excellent document nommé "De verharding van het wedstrijdvechten" (traduction libre du titre : Le Durcissement des Sports de Combat), de Maarten van Bottenburg et Johan Heilbron, enquête pour le Ministerie VWS, (traduction libre Ministère de la Santé, du Bien-Être et du Sport). Ce document est disponible sur internet à l'adresse : hbo-kennisbank.uvt.nl/cgi/fontys/show.cgi?fid=3637.

Nous nous baserons également sur divers articles de journaux de l'époque, cités au fur et à mesure.

Nous nous baserons aussi sur l'excellent livre de Willem Brunekreef, nommé "K1 and Kyokushin Encyclopedia". Merci à lui pour les renseignements qu'il nous a envoyés.



De plus, nous mentionnerons les contradictions existant entre les diverses versions des événements.

Un personnage de légende :

Jon Bluming est né en 1933. Il dispute au moins un match de boxe, vers 1946, puis devient militaire et est envoyé en Corée lors de la guerre du même nom, en 1950. Durant ses séjours en Asie, il apprend le Judo, le Karaté Kyokushinkai avec Mas Oyama et divers autres arts martiaux.

Il revient aux Pays-Bas en 1953 et enseigne dans un club nommé Tung Jen. Il affirme avoir fait partie de l'équipe gagnant le Championnat d'Europe de Judo en septembre 1956 à Amsterdam. Nous constatons qu'aucun Championnat d'Europe ne s'est déroulé en 1956. En 1957, ces Championnats se sont tenus à Rotterdam et le nom de Bluming n'apparaît pas sur le palmarès, ni d'ailleurs lors des autres Championnats d'Europe ou du Monde. Il s'agissait peut-être d'un Championnat d'Europe des Clubs.

Bluming, qui mesure 6'5'' pour 220 lbs, affirme avoir battu le célèbre Japonais Kaminaga par étranglement, en mai 1960. Dans le journal Black-Belt de décembre 1966, il affirme avoir battu Kaminaga au Kodokan en 1961, lors d'un entraînement.

Jon Bluming lors d'un entraînement de Judo au Kodokan

Bluming ne participe pas aux Championnats du Monde de Paris en décembre 1961. Son rival néerlandais, Anton Geesink, remporte la médaille d'or.

Selon le journal Black-Belt de janvier 1969, Bluming serait issu d'une fédération nommée "Nederland Amateur Judo Associatie" autre que celle de Geesink, nommée "Nederland Jujitsu and Judo Bond". Bluming affirme que Geesink aurait refusé de le rencontrer sur un tatami et que seuls les combattants de la fédération de Geesink pouvaient participer aux rencontres internationales.

Bluming a été l'entraîneur de Willem Ruska, Champion Olympique en 1972 et du Monde en 1967 et 1971.

Bluming fonde une Fédération pour le karaté Kyokushinkai en janvier 1962 et organise divers championnats.

En janvier 1965, Bluming aurait reçu une 6ème dan de Mas Oyama, en Kyokushinkai. Oyama aurait promis USD 100'000.-- à celui qui battrait Bluming, à qui il retirerait immédiatement sa ceinture pour avoir éventuellement perdu.

Actuellement, Bluming serait 10ème dan de karaté Kyokushinkai et 9ème dan de Judo.

En karaté, il a été l'entraîneur de Jan Plas et Jan Kallenbach (qui a commencé par le Judo, toujours avec Jon Bluming comme professeur). Kallenbach remporte la médaille d'or aux Championnats d'Europe de Karaté traditionnel en 1974, battant dans la catégorie Open le Français Francis Didier.

Jan Kallenbach (à gauche) en 1972

Charles Dumerniët :

Selon le livre de Willem Brunekreef, "The Golden Kyokushzin and K1 Encyclopedia", Charles Dumerniët a organisé des combats Free-Fight inter-écoles et inter-styles, dès 1973. Son association, nommée I.O.G, aurait été fondée en 1969. Charles Dumerniët était un pratiquant du Taekwondo, Tai-Jitsu et Jiu-Jitsu. De plus, il a créé le journal néerlandais Samuraï, en 1970. Les participants à ces tournois Free-Fight ont été très nombreux, dont Tom Harinck, Lucien Carbin et Ron Kuyt. Ces combats ont donc participé aux développement des arts-martiaux aux Pays-Bas.

Tom Harinck :

Né en 1943, Tom Harinck commence par pratiquer le judo, puis la boxe durant son séjour à l'armée, avec 22 combats amateurs, dont 1 défaite aux points. Il travaille sur un bateau et découvre la Boxe Française Savate.

Harinck s'entraîne avec Jon Bluming au Kyokushinkai. Il dit avoir reçu une 6ème dan en Kyokushinkai, sans préciser qui lui a donné cette ceinture noire. Harinck reconnaît dans un interview, que Bluming donnait les ceintures trop facilement. Adresse de l'interview : http://pancration.net/news/interview-of-tom-harinck-by-russian-website.html

Selon d'autres versions, Harinck ne se serait pas entraîné avec Bluming, mais avec Jan Stapper pour un court moment, et n'aurait jamais reçu de ceinture noire de karaté.

Dès 1972, Harinck commence à enseigner les sports de combats au sein de son écurie nommée Chakuriki (en japonais, ce mot signifierait "The power derived from"), dont les combattants sont connus entre autres pour leur kimonos rouges.

En 1975, les Chakuriki rencontrent une équipe de Boxe française Savate à Paris, sans que nous ne connaissions les résultats des matchs disputés. Les détails des combattants présents sont mentionnés dans la liste ci-dessous.

A la page 292 de son livre "Histoire de la Savate, Du Chausson et de la Boxe Francaise, Editions l'Harmattan", Jean-François Loudcher mentionne un article paru dans le journal Le Monde du 3 décembre 1975. La soirée n'a pas été organisée par la Fédération de Boxe Française, mais par le mouvement dissident, la Fédération Nationale de Savate .Un huissier aurait été mandaté par la Fédération officielle et il aurait constaté "un combat opposerait un professionnel à un amateur" et "un ou plusieurs combats auraient lieu à mains nues". Toujours selon le même livre, deux autres articles seraient parus dans l'Equipe du 28 novembre et du 2 décembre 1975.

Nous constatons que le diplome reçu par Tom Harinck par la Fédération Nationale de Savate et Boxe Française est daté du 22 novembre 1975, soit le jour de la réunion du Championnat d'Europe.

Il semblerait que le 22 février 1975, toujours à l'hôtel Méridien, des Championnats de France aient été organisés par la Fédération Nationale de Savate. Une démonstration de boxe thaïlandaise aurait été effectuée par deux Néerlandais. Malgré le manque de détails donnés, faut-il y voir une première apparition en France des Chakurikis ?

Tom Harinck (à droite),

extrait du journal français Karaté de l'époque

L'affiche de la rencontre Chakurikis vs Savate à Paris

En 1976, Tom Harinck fonde le NKBB (Nederlands Kick-Boxing Bond), avec Jan Plas.

Les premiers matchs de kick-boxing ont lieu aux Pays-Bas dès 1976 et sont détaillés dans la liste des résultats qui suit.

Invitée en août 1978 en Thaïlande, l'équipe des Chakuriki perd ses 5 matchs contre des Thaïlandais. Les détails sont mentionnés par la suite. Les combattants retournent aux Pays-Bas, mais Tom Harinck reste en Thaïlande pour parfaire ses connaissances du Muay-Thai.

Des équipes de boxeurs thaïs sont également venues aux Pays-Bas pour y être confrontées aux Chakuriki.


Quatre exemplaires de l'insigne des Chakurikis

A relever l'évolution graphique de l'insigne des Chakuriki. Sur les deux dernières versions, les chiens de combat portent un rameau d'olivier (signe de paix). Sur le dernier logo, le nom de Shihan (Professeur ou Modèle en japonais) a disparu. De plus, le terme de Savate a été remplacé par le terme de Free-Fight.

Tom Harinck a publié un livre en 1980, nommé "De ontleende kracht" que nous traduirons librement par "La Force empruntée", éventuellement synonyme du terme japonais Chakuriki. Harinck a également écrit un second livre nommé "Muay Thai or Thai Boxing". Il a aussi publié une vidéo d'entraînement nommée "Born to Fight". Extrait de la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=3kfa3rbgiZ0


La couverture du livre de Tom Harinck

Sans vouloir devenir people, nous signalons que dans l'article de Black-Belt de juin 1991, Tom Harinck est mentionné comme étant le mari de Saskia Van Rijswijk, célèbre combattante néerlandaise dans les années 1980. Cette dernière a combattu contre la fameuse Lilly Rodriguez en 1982, (voir article relatif à Benny Urquidez).

Saskia van Rijswijk et Tom Harinck

Jan Plas :

Jan Plas pratique tout d'abord le Karaté Kyokushinkai avec Jon Bluming.

Aux Championnats d'Europe de Karaté traditionnel de 1974 à Londres, Jan Plas perd avant la finale contre Geert Leemens/Belgique, en moyens.

A la même époque, Jan Plas a fait des photos pour un journal, avec Tom Harinck, dans le dojo de ce dernier, comme le prouverait la photo ci-dessous.

Tom Harinck (à gauche) face à Jan Plas.

En 1975, Jan Plas visite Tokyo et s'entraîne dans le dojo de Kenji Kurosaki. Kurosaki est un ancien pratiquant du Kyokushinkai avec Mas Oyama. Kurosaki a fondé son propre style de combat, nommé Kick-Boxing. Kurosaki est en relation avec Jon Bluming et a déjà enseigné avec ce dernier aux Pays-Bas. Tous deux ont écrit un livre ensemble ,relatif au Kyokushinkai. Le dojo de Kurosaki est nommé Mejiro Gym, vu sa situation dans le quartier du même nom.

La similarité d'évolution entre les pratiquants néerlandais et japonais de Kyokushinkai est frappante, avec cette avancée vers des pratiques de plus en plus complètes et efficaces.

De retour aux Pays-Bas, Jan Plas fonde son propre Mejiro Gym.

Jan Plas (à droite), contre Platje, en 1976.

L'arbitre est Tom Harinck

Peu après la visite des Chakuriki en Thailande, le Mejiro Gym se rendra également dans ce pays pour se confronter aux boxeurs thaï.

Il a comme élève Fred Royers, Lucien Carbin, Rob Kaman, André Brilleman et Johan Vos, qui fondra plus tard le célèbre Vos Gym. Nous ne faisons que citer ces combattants qui auront leurs heures de gloire après 1980, date limite de la période étudiée ici.

Les premiers résultats néerlandais :

17 mai 1974. lors du premier tournoi européen de karaté professionnel, organisé à Berlin par Georg Bruckner (voir article : 1974 Berlin Début du Karaté professionnel), des Néerlandais sont présents. En poids lourds, Frank Brodar/Allemagne ou Yougoslavie, bat Ivan Oliviari/Pays-Bas. Les gagnants combattront contre la sélection américaine à Los-Angeles, (voir l'article : 14 septembre 1974 à Los Angeles).

Le même jour, certains combattants européens sont opposés à une sélection américaine, toujours en combats aux points. Les combattants américains portent des protections, alors que les Européens n'en sont pas munis. En lourds, Jim Butin bat Ivan Oliviari, le remplaçant du champion d'Europe des lourds, Franc Brodar, blessé à une main.

L'équipe américaine se rend également aux Pays-Bas, lors d'une rencontre organisée par Jan Stoker, de La Haye. Les USA battent tout d'abord une équipe néerlandaise de Taekwondo, par 25/0.

Les Américains battent également une équipe néerlandaise de Karaté Kyokushinkai, composée de pratiquants d'un rang inférieur à la ceinture noire. Il a été proposé aux Néerlandais de faire combattre des ceintures noires de leur école, mais Peter Kredijt, responsable de l'équipe Kyokushinkai, aurait répondu que les Américains n'étaient pas des combattants et que les ceintures noires étaient trop fortes pour eux.

Après diverses tergiversations, Peter Kredijt accepte un défi de Jeff Smith. Kredijt est alors envoyé trois fois au tapis, pour le compte.

29 novembre 1975. Rencontre de Savate Boxe française, à Paris (à l'hôtel Méridien) entre une équipe des Chakuriki et des pratiquants français. Robbie Harinck, Ron Kuyt, Gerard Bakker, Jan Kunst et John (Jhon) de Ruyter (Ruiter) auraient participé à ces combats, dont nous ne connaissons pas le résultat. Jan Kunst perd contre Georges Simon et Christian Guillaume gagne contre un autre Néerlandais. Le même soir, un combat oppose Bernard Le Prevost /France à Marc Beaute/Belgique, pour le titre de Champion d'Europe de Savate des poids plumes.

John (Jhon) de Ruyter (Ruiter) (à droite) en 1975 à Paris,

lors d'un combat en Savate

21 septembre 1975. A la Deutschlandarena de Berlin, un tournoi, appelé European All Style Karate Championships, est organisé par Bruckner et Mike Anderson, ce dernier s'occupant de la production de l'événement (voir l'article : Développement du Full-Contact en Europe) Il est possible que les Néerlandais Jan Kunst et Ron Kuyt aient gagné lors de ce tournoi ?Dans son livre "Ontleende Kracht", Tom Harinck mentionne cette victoire, en précisant qu'il s'agissait d'un tournoi de karate semi-contact.

1976. Dans un interview donné au journal allemand Karate Budo, Tom Harinck mentionne qu'en 1976, à Schiedam, Kuyt, De Graaf et Kunst sont devenus Champions d'Europe, éventuellement en Kick-Boxing ou en Full Contact ? Nous n'avons trouvé aucune trace de ce Championnat d'Europe.

2 mai 1976. A Gelsenkirchen, en Allemagne, un tournoi de full-contact appelé Championnat d'Europe est organisé. (voir l'article : Développement du Full-Contact en Europe). Dans la catégorie des 63-69 kg, le François Roger Paschy, ex-membre de l’équipe de France de Karaté traditionnel, remporte ce tournoi. Il bat tout d'abord par ko le Néerlandais John (Jhon) de Ruyter (Ruiter). Le nommé Kuyj est mentionné comme étant 3ème de la catégorie. Il pourrait s'agir de Ron Kuyt.

Les Néerlandais V.D. Velden en -90.5 kg, et Tuhirima en -63k g, finissent respectivement 3ème et 1er de leur catégorie.

31 mai 1976. Une première rencontre de kick-boxing est organisée à Amsterdam, entre les Chakuriki et le Mejiro Gym.

Nous avons retrouvé l'article édité en allemand. Il est mentionné les combats suivants :

De Ruyter (Ruiter) (Chakuriki) bat R. Janson (Mejiro) par ko au 2ème
W. Galenlamp (Mejiro) bat A. Ekkelsoom aux points
T. Severs (Chakuriki) bat R.W. Leedeman par ko au 2ème
R. Kuyt (Chakuriki) bat J. Boom par ko au 3ème
Jan Plas (Mejiro) bat G. Platje par ko au 2ème
E. Cairo (Mejiro) bat F. Karakus (Chakuriki) aux points
G. Bakker (Chakuriki) bat J. (Johan?) Vos (Mejiro) par ko
Groningen (Mejiro) bat Rompa (Chakuriki) par disqualification
Cabin (Lucien Carbin ?) (Mejiro) bat (?) Harinck (Schumann) (Chakuriki) par kot
Ladenius (Mejiro) bat C Brugman par kot

Willem Brunekreef, dans son excellent livre "The Golden Kokushin and K-1 Encyclopedia", signale qu'il s'agissait des premiers championnats d'Europe de Kick-Boxing et donne les résultats différents suivants :

Johnny de Ruiter (Ruyter) bat J. Schreve, par ko 2ème; Dennis Zeeger bat Roy Leedeman, par ko; Lucien Carbin bat Robbie Schumann, tko. Robbie Schumann aurait été adopté (non-officiellement) par Tom Harinck et aurait combattu pour un temps sous le nom de Harinck.

Jan Plas, à gauche, lors du 1er gala de kick-boxing,

en 1976, contre Platje

Si nous faisons le compte des combats entre les deux écoles, nous arrivons à 2 victoires pour les Chakuriki et à 3 victoires pour le Mejiro Gym.

(Pour tous les Championnats et Coupes WAKO mentionnés par la suite, voir les articles : Premiers Championnats du Monde WAKO et Premiers Championnats d'Europe WAKO).

Avril ou mai 1977. Lors de la première Coupe d'Europe WAKO qui a lieu à Rotterdam/Pays-Bas, la finale des mi-moyens se dispute entre George Metz/Pays-Bas et Slobodan Soboda/Yougoslavie. La finale des mi-lourds oppose Gerard Bakker/Pays-Bas et Lip Van de Meer/Pays-Bas. Hansi Jaensch/Allemagne de l'Ouest, perd contre Ivan Menes/Pays-Bas, en finales des sur-légers. Les Néerlandais dominent le tournoi.

1977. Lors des 1ers Championnats d'Europe, organisés à Vienne/Autriche, par Georg Bruckner, les Néerlandais obtiennent les résultats suivants : Médailles d'or : Jan de Graf en + 84 kg, Gerard Bakker en - 84 kg, H. Rompa en - 79 kg, Ron Kuyt en - 69 kg. Par équipe, les Pays-Bas devancent l'Allemagne de l'Ouest et la Norvège.

Octobre 1977. Lors de la 2ème Coupe d'Europe organisée à Vienne/Autriche, en poids sur-légers, l'Allemand Hansi Jaensch bat R. Harinck (Schumann) aux points. Lors des combats préliminaires, Kemal Zeriat a battu Ron Kuyt, contre qui il avait déjà perdu deux fois auparavant. Les Allemands dominent le tournoi.

Août 1978. Une équipe des Chakurikis rencontre à Bangkok des boxeurs thaïlandais. Les noms sont phonétiques.
Posai Sittiboonlert bat Ron Kuyt par ko au 2ème
Sakat Porntawee bat Robby Harinck (Schumann) par ko au 1er round
Sriprae Kiatsompob bat Imro Van Hattan par ko au 1er
Satanfah Sor Pratiep bat Faisal Karakus par ko au 2ème
Ekachai Sitmorart bat K. Ramikisoen par ko au 1er


Article relatif au voyage des Chakuriki en Thaïlande,

Mai 1978. Lors des 2èmes Championnats d'Europe, organisés à Wolfsburg/Allemagne de l'Ouest, éventuellement par Georg Bruckner, Ivan Menes (-63 kg), remporte la médaille d'or. Par équipes, l'Allemagne de l'Ouest devance les Pays-Bas et la Yougoslavie.

Décembre 1978. Lors de la 3ème Coupe d'Europe qui a lieu à Bâle/Suisse, soit un mois après les CM de Berlin, Ivan Menes remporte la catégorie des -63 kg.

1979. Lors des 3èmes Championnats d'Europe, organisés à Milan/Italie, par Ennio Falsoni. Roufs remporte la médaille de bronze des - 79 kg.

5 novembre 1978. Lors des premiers Championnats du Monde WAKO à Berlin-Ouest, Ivan Menes remporte la médaille d'or des -63 kg. Par équipe, les USA sont premiers, devant l'Allemagne de l'Ouest et la République dominicaine, les Pays-Bas n'étant que 4èmes.

25 février 1979. A Amsterdam, Patrick Brizon/France bat Ron Kuyt pour le titre européen de kick-boxing.

3 et 4 novembre 1979. Lors des 2èmes Championnats du monde WAKO à Tampa/Floride/USA, organisés par Mike Anderson, F. Okkonowiak remporte la médaille de bronze des - 79 kg.

1980. Ron Kuyt perd contre Andre Brilleman, en kick-boxing, avant la limite. Nous ne mentionnerons pas l'entier de la carrière d'André Brilleman, qui aura un palmarès final de 16-1-1 et battra Howard Jackson en 1984 pour le titre WKA (voir l'article relatif à Howard Jackson). Lien vers la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=HepnXZ-2h-4

Date inconnue (avant 1978). Amsterdam. Une équipe thailandaise, dirigée par Roger Paschy/France (voir l'article qui lui est consacré), rencontre l'équipe des Pays-Bas. Tous les Thailandais perdent avant la limite. Lucien Carbin gagne au 2ème round et Harrinck remporte son match. Ron Kuyt bat Roger Paschy par abandon sur blessure à la reprise du 2ème round.

Date inconnue (après 1976). Amsterdam. Frans Otten Stadion. Un match oppose des boxeurs thais à une sélection des Pays-Bas. Tous les combattants bataves gagnent leur match, soit Lucien Carbin contre Srinop, Ron Kuyt contre S. Boonlod, Faisal Karakus contre S. Sangsrithong et Andre Brilleman contre C. Topruska (selon l'affiche du combat). Nous constatons qu'il existe une vidéo d'un combat disputé entre Brilleman et Boonlod, le 7.4.1979. Nous ne savons pas s'il s'agit du même combat. Lien vers la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=WacrCyTYhCI

Date inconnue (lors d'un match de Dominique Valéra et après le match susmentionné). Ron Kuyt bat Kamel Zeriat/Allemagne aux points et Bakker bat François Petitdemange/France, également aux points.

Conclusions :

Nous constatons une filiation très nette entre le Kyokushinkai ramené aux Pays-Bas par Jon Bluming et son emploi des coups portés, même dans les jambes, avec l'évolution de ses pratiquants vers un kick-boxing et ses low-kicks ou vers le Muay-Thai et ses coups de genoux et de coudes parfois autorisés.

Les Néerlandais ayant commencé à pratiquer les combats avec plein-contact avant l'arrivée du karate full-contact en Europe, leurs premiers succès pourraient être expliqués par cette avance.

Il est à relever l'éclectisme des combattants néerlandais, qui dominent tant le full-contact, le kick-boxing, la Savate boxe française que la boxe thaï.

De plus, la concurrence entre Tom Harinck et Jan Plas, puis Johan Vo après 1980, peut aussi expliquer une partie du succès néerlandais.